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vieilles assiettes rangées au vaisselier. Tout cela avait la mine propre et honnête ; mais la chaumière était bien petite et modeste.

— Tous nos parents sont riches, m’avait souvent dit Yves ; il n’y a que nous autres qui sommes pauvres.

On me montra un de ces lits en forme d’armoire, à deux places, qui avait été préparé pour Yves et pour moi. Je devais habiter l’étagère supérieure, qui était garnie de gros draps de toile rousse bien propres et bien raides.

— Restez donc, monsieur ; ils vont bientôt revenir de la ville.

Mais non, je remerciai pour ce premier jour et je m’en allai.

À mi-chemin de Paimpol, nuit tombante, j’aperçus de loin un grand col bleu, dans une carriole qui s’en revenait bon train vers Plouherzel : la petite voiture de l’ami Jean ramenant Yves et sa mère. Je n’eus que le temps de me jeter derrière les buissons ; s’ils m’avaient reconnu, il n’y aurait plus eu moyen de les quitter, bien certainement.

Il faisait tout à fait nuit quand j’arrivai à Paimpol, et les petites lanternes des rues étaient allu-