Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contraire. D’ailleurs, elle observe en conscience tous les rites anciens, tels que faire boire au petit avant le baptême un certain vin dans lequel on a trempé l’anneau du mariage de sa mère, et plusieurs autres qui ne devraient jamais être négligés.

On y voit juste autant qu’il faut, dans cette chaumière, très enterrée et très à l’ombre. Le jour entre un peu par la porte ; au fond, il y a aussi une lucarne ménagée dans l’épaisseur du granit, mais les fougères l’ont envahie : on les voit par transparence, comme les fines découpures d’un rideau vert.

… Enfin petit Pierre a terminé sa toilette, et sans pousser un cri. Je l’aurais mieux aimé en petit Breton ; mais non, il est tout en blanc, le fils d’Yves, avec une longue robe brodée et des nœuds de ruban, comme un petit monsieur de la ville. Il a l’air encore plus vigoureux et plus brun dans ce costume de poupée ; les pauvres petits bébés des villes, qui vont au baptême dans des toilettes pareilles, n’ont pas, en général, un sang si vivace et si fort.

Par exemple, je suis forcé de reconnaître qu’il n’est pas encore bien joli ; il est probable que cela viendra plus tard ; mais, pour le moment, il a un minois bouffi de petit chat naissant.