Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il faisait très chaud pour un temps de Bretagne.

En plein jour, c’était un vrai jardin que ce toit de chaume des vieux Keremenen ; une quantité de petites fleurs, blanches, jaunes, roses, s’y étaient installées en compagnie d’une grande variété de fougères, et le soleil s’éparpillait dessus, toujours tamisé par les chênes.

Au dedans, il faisait encore frais, dans le demi-jour un peu vert, sous la voûte basse et noire des vieilles solives.

Le dîner était prêt sur la table, et la femme d’Yves, qui s’était levée pour la première fois, nous attendait, assise à sa place, dans ses beaux habits de fête. En quelques jours, sa jeunesse s’était envolée, elle était pâle et maigrie. Yves la regarda avec un air de surprise déçue qu’elle put voir ; puis, comprenant que c’était mal, il alla l’embrasser avec affection, un peu en grand seigneur. Et, moi, j’augurai de tristes choses de cette entrevue de désenchantement.

Toutefois ce dîner du baptême fut gai. Il se composait d’un grand nombre de plats bretons et dura fort longtemps.

Au dessert, on entendit dehors marmotter très