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cris et des gambades ; il y en avait de ces petites qui avaient bien cinq ans, et qui portaient déjà de grandes collerettes et de grandes coiffes pareilles à celles de leurs mères ; et elles sautaient autour de nous, comme des petites poupées très comiques.

C’était singulier, la joie de ce petit monde breton, rose avec de longs cheveux de soie jaune ; à peine éclos à la vie, et déjà dans des costumes et des modes du vieux temps ; — exubérants d’une joie inconsciente, — comme autrefois leurs ancêtres, et ils sont morts ! Joie de la vie toute neuve, joie comme en ont les petits chats, les cabris, et, après dix ans, ils meurent ; les petits chiens, les petits moutons ont de ces joies et font des sauts d’enfant, — et cela passe et on les tue !

Nous leur jetions des poignées de dragées, et toute notre route était semée de bonbons. On se souviendra longtemps dans Toulven de ce baptême du petit goéland.

… Après, nous retrouvâmes le calme du sentier breton, la longue allée verte, et, au bout, le hameau sauvage.

Il était maintenant près de midi ; les papillons et les mouches volaient par bandes le long du chemin.