Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/242

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La voiture s’arrête. La grand’mère qui a toujours couru, est là derrière, à toucher le marchepied ; elle leur tend les mains, et sa figure est toute baignée de larmes.

Marie est descendue, et la vieille femme, la serrant dans ses bras, l’embrassant, embrassant petit Pierre :

— Ô ma chère fille, que le bon Dieu t’accompagne !

Et elle pleure à sanglots.

— Voyez-vous, ma fille, avec Yves, il faut être très douce, le prendre par le cœur ; vous verrez que vous pourrez être heureuse avec lui. Moi, j’ai peut-être trop montré les gros yeux à son pauvre père. Dieu vous bénisse, ma chère fille !…

Et les voilà, unies dans le même amour pour Yves, et pleurant ensemble.

— Allons, les femmes ! crie le conducteur, quand vous aurez fini de frotter vos museaux ?

Il faut arracher l’une de l’autre. Et Marie, rassise dans son coin, regarde en s’éloignant, avec ses yeux pleins de larmes, la vieille femme, qui s’est affaissée en sanglotant, sur une borne, tandis que petit Pierre, avec sa petite main potelée, lui fait adieu par la portière.