Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/262

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Tout le monde avait l’air heureux dans la chaumière, et Yves me prit à part pour me dire qu’on s’était très bien entendu. Le vieux Corentin leur donnait deux mille francs, et une tante leur en prêtait mille autres. Avec cela, ils pourraient acheter un terrain à terme et commencer tout de suite à bâtir.

Après dîner, vite il fallut aller prendre la voiture à Toulven, et le train à Bannalec. Yves et moi, nous nous en retournions à Lorient, où notre Sèvre nous attendait dans le port.

Vers onze heures, quand nous fûmes rentrés dans le logis de hasard que nous avions loué en ville, Yves, avant de se coucher, arrangea dans des vases nos fleurs des bois de Toulven.

Pour la première fois de sa vie, il faisait pareil ouvrage ; il était étonné de lui-même et de trouver jolies ces pauvres fleurettes auxquelles il n’avait encore jamais pris garde.

— Eh bien, dit-il, quand j’aurai ma petite maison à Toulven, j’en mettrai chez nous, car je trouve que ça fait très bien. C’est pourtant vous, tenez, qui m’avez donné l’idée de ces choses…