Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/340

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d’hui, un jour de paye, comment ne pas s’égayer un peu ?

— Moi encore, dit madame Kerdoncuff, avec un sourire de coquetterie plein de sous-entendus, je ne suis pas trop malheureuse, parce que, voyez-vous, j’ai un vétéran que je loge en garni, qui est quartier-maître dans le port.

C’est compris. Même sourire sur le visage de madame Quémeneur.

— C’est comme moi, j’ai un fourrier… À la tienne, Françoise ! (Ces dames se tutoient.) Il est polisson, mon fourrier, si tu savais !…

Et le chapitre des confidences intimes est ouvert.

Marie Kermadec se lève. A-t-elle bien entendu ? Beaucoup de ces mots lui sont inconnus, assurément, mais le sens en est transparent et le geste vient à l’appui. Est-ce qu’il y a vraiment des femmes qui peuvent dire des choses pareilles ? Et elle sort, sans se retourner, sans dire merci, rouge, sentant tout le sang qui lui est monté aux joues.

— As-tu vu celle-là, la mouche qui l’a piquée ?

— Dame, vous savez, c’est de la campagne ; ça