Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/383

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blanche, avec ses rideaux de mousseline et ses meubles de cerisier verni.

Et puis il ouvre une autre porte :

— À présent, frère, voilà chez vous !

Et il me regarde, anxieux de l’effet produit, après tant de mal qu’ils se sont donné, sa femme et lui, pour que je trouve tout à mon goût.

J’entre, touché, ému. Elle est toute blanche, ma chambre et on y sent un parfum délicieux, il y a partout des fleurs qu’on est allé chercher très loin pour moi ; dans les vases de la cheminée, des touffes de réséda et de gros bouquets de pois de senteur ; dans le foyer, c’est rempli de bruyères.

Ils n’ont pas pu se décider, par exemple, à y mettre des vieux meubles, des vieilleries bretonnes, et ils s’en excusent, n’ayant rien trouvé à leur idée d’assez joli ni d’assez propre. On est allé à Quimper m’acheter un lit comme le leur, en cerisier, qui est un bois clair, d’une couleur gaie, un peu rose. Les tables et les chaises sont pareilles. Les plus petits détails sont arrangés avec tendresse ; sur les murs, il y a, dans des cadres dorés, des dessins que j’ai faits jadis et une grande photographie du