Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/48

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recommencerait plus et se ferait tout pardonner.

C’était une grande résolution, cette fois. Quand il avait bu seulement un verre d’eau-de-vie, après les longues abstinences de la mer, tout de suite sa tête partait, et alors il lui en fallait d’autres, et d’autres encore. Mais, en ne commençant pas du tout et en ne buvant jamais rien, il aurait encore un moyen sûr de rester sage.

Son repentir avait la sincérité d’un repentir d’enfant, et il croyait beaucoup que, s’il pouvait échapper pour cette fois à ce conseil terrible qui mène les matelots en prison, ce serait sa dernière grande faute.

Il avait aussi espoir en moi, et puis, surtout, envie de me voir. Et il pria Barrada de monter me chercher.

VIII

Il y avait sept ans qu’Yves était mon ami quand il fit cette équipée de retour.

Nous étions entrés dans la marine par des portes différentes : lui, deux années avant moi, bien qu’il fût de quelques mois le plus jeune.