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terre n’est plus possible. » Ou bien : « A montré un courage et un dévouement admirables, » et puis : « Indiscipliné, indomptable. » Ailleurs : « Zèle, honneur et fidélité, » avec : « Incorrigible » en regard, etc. Ses nuits de fer, ses jours de prison ne se comptaient plus.

Au moral comme au physique, grand, fort et beau, avec quelques irrégularités de détails.

À bord, il était le gabier infatigable, toujours à l’ouvrage, toujours vigilant, toujours leste, toujours propre.

À terre, le marin en bordée, tapageur, ivre, c’était toujours lui ; le matelot qu’on ramassait le matin dans un ruisseau, à moitié nu, dépouillé de ses vêtements comme un mort, par les nègres quelquefois, ailleurs par les Indiens ou par les Chinois, c’était encore lui. Lui aussi, le matelot échappé, qui battait les gendarmes ou jouait du couteau contre les alguazils… Tous les genres de sottises lui étaient familiers.

D’abord je m’amusais des choses que faisait ce Kermadec. Quand il allait à terre avec sa bande, on se demandait au poste des midships : « Quelle nouvelle histoire apprendrons-nous demain matin ?