Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/69

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Il n’y a pas beaucoup de temps à perdre pour nous qui voulons aller voir avant de partir l’ancienne maison des Kermadec. Elle est là tout près, à toucher l’église ; on nous l’indique de la porte, en nous recommandant de demander à entrer dans la chambre à gauche, au premier ; c’est celle où Yves est né.

À côté de la maison, il y a le grand parc abandonné de l’évêché de Léon, où, paraît-il, Yves, quand il était tout petit enfant, allait chaque jour se rouler dans l’herbe avec Goulven. Elle est très haute aujourd’hui, cette herbe de mai, remplie de marguerites et de silènes. Dans ce parc, les rosiers, les lilas poussent maintenant au hasard, comme dans un bois.

Nous frappons à la porte de la maison que ces femmes nous ont indiquée, et ceux qui demeurent là s’étonnent un peu de ce que nous venons demander. Mais nous n’inspirons pas de méfiance, et on nous recommande seulement de ne pas faire de bruit en entrant dans cette chambre du premier, à cause d’une vieille grand-mère qui dort là et qui est sur le point de mourir. Et puis on nous laisse seuls, par discrétion.