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coup plus grand que le nôtre et dans lequel vivaient des peuples étranges.

Eux secouaient la tête, incrédules, et Yves disait, très songeur :

— Tout ça, c’est des choses… c’est des choses, vois-tu, Barazère, dans lesquelles je crois que tu ne te connais pas beaucoup. »

Et puis il ajoutait, d’un air qui tranchait la discussion, que d’ailleurs il allait venir me trouver et se faire bien expliquer ce que c’était que la lune. Après, il reviendrait le leur apprendre à tous.

Nul doute, en effet, que je ne fusse très au courant des choses de la lune comme de tout le reste. D’abord on m’avait souvent vu occupé à la regarder marcher à travers un instrument de cuivre en compagnie d’un timonier qui me comptait tout haut, d’une voix monotone d’horloge, les minutes et les secondes tranquilles de la nuit.

Cependant les petits mouchoirs séchaient sur les dos nus des jeunes hommes, et le soleil montait dans le grand ciel bleu.

Il y en avait, de ces petits mouchoirs, qui étaient tout uniment blancs ; d’autres qui avaient des dessins de plusieurs couleurs, et même qui