Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/163

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autres pour combler des vides dans ces compagnies-là.

En ce moment, il est vrai, on parlait de paix ; mais quelque chose leur disait tout de même qu’ils débarqueraient encore à temps pour se battre un peu. Ayant arrangé leurs sacs, terminé leurs préparatifs, et fait leurs adieux, ils s’étaient promenés toute la soirée au milieu des autres qui restaient, se sentant grandis et fiers auprès de ceux-là ; chacun à sa manière manifestait ses impressions de départ, les uns graves, un peu recueillis ; les autres se répandant en exubérantes paroles.

Sylvestre, lui, était assez silencieux et concentrait en lui-même son impatience d’attente ; seulement quand on le regardait, son petit sourire contenu disait bien : « Oui, j’en suis en effet, et c’est pour demain matin. » La guerre, le feu, il ne s’en faisait encore qu’une idée incomplète ; mais cela le fascinait pourtant, parce qu’il était de vaillante race.

… Inquiet de Gaud, à cause de cette écriture étrangère, il cherchait à s’approcher d’un fanal pour pouvoir bien lire. Et c’était difficile au milieu de ces groupes d’hommes demi-nus, qui se pres-