Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/228

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serait peut-être pas impossible de prendre auprès de lui une place de sœur, à présent qu’elle allait être si seule au monde ; de se reposer sur son amitié ; de la lui demander comme un soutien, en s’expliquant assez pour qu’il ne crût plus à aucune arrière-pensée de mariage. Elle le jugeait sauvage seulement, entêté dans ses idées d’indépendance, mais doux, franc, et capable de bien comprendre les choses bonnes qui viennent tout droit du cœur.

Qu’allait-il éprouver, en la retrouvant là, pauvre, dans cette chaumière presque en ruine ?… Bien pauvre, oh ! oui, car la grand’mère Moan, n’étant plus assez forte pour aller en journée aux lessives, n’avait plus rien que sa pension de veuve ; il est vrai, elle mangeait bien peu maintenant, et toutes deux pouvaient encore s’arranger pour vivre sans demander rien à personne…

La nuit était toujours tombée quand elle arrivait au logis ; avant d’entrer, il fallait descendre un peu, sur des roches usées, la chaumière se trouvant en contre-bas de ce chemin de Ploubazlanec, dans la partie de terrain qui s’incline vers la grève. Elle était presque cachée sous son épais toit de paille brune, tout gondolé, qui ressemblait au dos