Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/231

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chose élégante et fraîche, apportée dans une hutte de Celte.

Il y avait une photographie de Sylvestre en matelot, dans un cadre, accrochée au granit du mur. Sa grand’mère y avait attaché sa médaille militaire, avec une de ces paires d’ancres en drap rouge que les marins portent sur la manche droite, et qui venait de lui ; Gaud lui avait aussi acheté à Paimpol une de ces couronnes funéraires en perles noires et blanches dont on entoure, en Bretagne, les portraits des défunts. C’était là son petit mausolée, tout ce qu’il avait pour consacrer sa mémoire, dans son pays breton…

Les soirs d’été, elles ne veillaient pas, par économie de lumière ; quand le temps était beau, elles s’asseyaient un moment sur un banc de pierre, devant la maison, et regardaient le monde qui passait dans le chemin un peu au-dessus de leur tête.

Ensuite la vieille Yvonne se couchait dans son étagère d’armoire, et Gaud, dans son lit de demoiselle ; là, elle s’endormait assez vite, ayant beaucoup travaillé, beaucoup marché, et songeant au retour des Islandais en fille sage, résolue, dans un trouble trop grand…