Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mais non, grand’mère, répondait doucement Gaud qui y était habituée. Il est la même heure que les autres jours.

— Ah !… me semblait à moi, ma fille, me semblait qu’il était plus tard que de coutume.

Elles soupaient sur une table devenue presque informe à force d’être usée, mais encore épaisse comme le tronc d’un chêne. Et le grillon ne manquait jamais de leur recommencer sa petite musique à son d’argent.

Un des côtés de la chaumière était occupé par des boiseries grossièrement sculptées et aujourd’hui toutes vermoulues ; en s’ouvrant, elles donnaient accès dans des étagères où plusieurs générations de pêcheurs avaient été conçus, avaient dormi, et où les mères vieillies étaient mortes.

Aux solives noires du toit s’accrochaient des ustensiles de ménage très anciens, des paquets d’herbes, des cuillers de bois, du lard fumé ; aussi de vieux filets, qui dormaient là depuis le naufrage des derniers fils Moan, et dont les rats venaient la nuit couper les mailles.

Le lit de Gaud, installé dans un angle avec ses rideaux de mousseline blanche, faisait l’effet d’une