Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/237

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et finir par être mauvaise ; étaler, à l’heure de la fin, tout un fond de malice qui avait dormi durant la vie, toute une science de mots grossiers qu’on avait cachée, quelle dérision de l’âme et quel mystère moqueur !

Elle commençait à chanter aussi, et cela faisait encore plus de mal à entendre que ses colères ; c’était, au hasard des choses qui lui revenaient en tête, des oremus de messe, ou bien des couplets très vilains qu’elle avait entendus jadis sur le port, répétés par des matelots. Il lui arrivait d’entonner les Fillettes de Paimpol ; ou bien, en balançant la tête et battant la mesure avec son pied, elle prenait :

                   Mon mari vient de partir ;
Pour la pêche d’Islande, mon mari vient de partir,
                   Il m’a laissée sans le sou,
                   Mais… trala, trala la lou…
                               J’en gagne !
                               J’en gagne !…

Chaque fois, cela s’arrêtait tout court, en même temps que ses yeux s’ouvraient bien grands dans le vague en perdant toute expression de vie, — comme ces flammes déjà mourantes qui s’agrandissent subitement pour s’éteindre. Et après, elle