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Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/238

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baissait la tête, restait longtemps caduque, en laissant pendre la mâchoire d’en bas à la manière des morts.

Elle n’était plus bien propre non plus, et c’était un autre genre d’épreuve sur lequel Gaud n’avait pas compté.

Un jour, il lui arriva de ne plus se souvenir de son petit-fils.

— Sylvestre ? Sylvestre ?… disait-elle à Gaud, en ayant l’air de chercher qui ce pouvait bien être ; ah dame ! ma bonne, tu comprends, j’en ai eu tant quand j’étais jeune, des garçons, des filles, des filles et des garçons qu’à cette heure, ma foi !…

Et, en disant cela, elle lançait en l’air ses pauvres mains ridées, avec un geste d’insouciance presque libertine…

Le lendemain, par exemple, elle se souvenait bien de lui ; et en citant mille petites choses qu’il avait faites ou qu’il avait dites, toute la journée elle le pleura.


Oh ! ces veillées d’hiver, quand les branchages manquaient pour faire du feu ! Travailler ayant froid, travailler pour gagner sa vie, coudre menu,