Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/292

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retroussés par le coin avec ces doigts.) Et voilà les deux Chinois, les deux… enfin les deux patrons de la boîte, tu me comprends, — qui ferment la grille à clef, nous dedans ! Comme de juste, on te les empoigne par la queue pour les mettre en danse la tête contre les murs. — Mais crac ! il en sort d’autres par tous les trous, au moins une douzaine qui se relèvent les manches pour nous tomber dessus, — avec des airs de se méfier tout de même. — Moi, j’avais justement mon paquet de cannes à sucre, achetées pour mes provisions de route ; et c’est solide, ça ne casse pas, quand c’est vert ; alors tu penses, pour cogner sur les magots, si ça nous a été utile…

Non, décidément il ventait trop fort ; en ce moment les vitres tremblaient sous une rafale terrible, et le conteur, ayant brusqué la fin de son histoire, se leva pour aller voir sa barque.

Un autre disait :

— Quand j’étais quartier-maître canonnier, en fonctions de caporal d’armes sur la Zénobie, à Aden, un jour, je vois les marchands de plumes d’autruche qui montent à bord (imitant l’accent de là-bas) : « Bonjour, caporal d’armes ; nous pas voleurs,