Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/32

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Ensuite ils partaient tous, comme une flotte, laissant le pays presque vide d’époux, d’amants et de fils. En s’éloignant, les équipages chantaient ensemble, à pleines voix vibrantes, les cantiques de Marie Étoile-de-la-Mer.

Et chaque année, c’était le même cérémonial de départ, les mêmes adieux.

Après, recommençait la vie du large, l’isolement à trois ou quatre compagnons rudes, sur des planches mouvantes, au milieu des eaux froides de la mer hyperborée.

Jusqu’ici, on était revenu ; – la Vierge Étoile-de-la-Mer avait protégé ce navire qui portait son nom.

La fin d’août était l’époque de ces retours. Mais la Marie suivait l’usage de beaucoup d’Islandais, qui est de toucher seulement à Paimpol, et puis de descendre dans le golfe de Gascogne où l’on vend bien sa pêche, et dans les îles de sable à marais salants où l’on achète le sel pour la campagne prochaine.

Dans ces ports du Midi, que le soleil chauffe encore, se répandent pour quelques jours les équipages robustes, avides de plaisir, grisés par ce