Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/335

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Ce matin-là avait bien quelque chose de particulier, sans doute, puisqu’elle était venue pour la première fois s’asseoir sous ce porche de chapelle, et relire les noms des jeunes hommes morts.

En mémoire de
GAOS, Yvon, perdu en mer
aux environs de Norden-Fiord…

. . . . . . . . . . . . .

Comme un grand frisson, on entendit une rafale de vent se lever de la mer, et en même temps, sur la voûte, quelque chose s’abattre comme une pluie : les feuilles mortes !… Il en entra toute une volée sous ce porche ; les vieux arbres ébouriffés du préau se dépouillaient, secoués par ce vent du large. — L’hiver qui venait !…

… perdu en mer
aux environs de Norden-Fiord,
dans l´ouragan du 4 au 5 août 1880.

. . . . . . . . . . . . .

Elle lisait machinalement, et, par l’ogive de la porte, ses yeux cherchaient au loin la mer : ce matin-là, elle était très vague, sous la brume grise, et une panne suspendue traînait sur les lointains comme un grand rideau de deuil.