Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/48

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leurs portes, et, en passant, elle regardait dans ces intérieurs anciens, à grande cheminée, où se tenaient assises, avec des poses de quiétude, des aïeules en coiffe qui venaient de se lever. Dès qu’il avait fait un peu plus jour, elle était entrée dans l’église pour dire ses prières. Et comme elle lui avait semblé immense et ténébreuse, cette nef magnifique, — et différente des églises parisiennes, avec ses piliers rudes usés à la base par les siècles, sa senteur de caveau, de vétusté, de salpêtre ! Dans un recul profond, derrière les colonnes, un cierge brûlait, et une femme se tenait agenouillée devant, sans doute pour faire un vœu ; la lueur de cette flammèche grêle se perdait dans le vide incertain des voûtes… Elle avait retrouvé là tout à coup, en elle-même, la trace d’un sentiment bien oublié : cette sorte de tristesse et d’effroi qu’elle éprouvait jadis, étant toute petite, quand on la menait à la première messe des matins d’hiver, dans l’église de Paimpol.

Ce Paris, elle ne le regrettait pourtant pas, bien sûr, quoiqu’il y eût là beaucoup de choses belles et amusantes. D’abord, elle s’y trouvait presque à l’étroit, ayant dans les veines ce sang des coureurs