semble un manquement à leur mémoire, puisqu’elles m’avaient tant chéri.
D’abord tante Corinne, celle qui avait imaginé de m’apporter une distraction bien inédite en me faisant faire de la photographie, chose encore toute nouvelle à cette époque. La plupart de ces épreuves, bien maladroites, existent du reste encore et m’éternisent un peu des reflets de chers visages. Tante Corinne, quelle figure candide et jolie elle avait, sous ses papillotes d’un gris clair d’argent, toujours si correctement roulées ! Et combien elle était inaltérablement aimable, dans son effacement voulu ! Jadis, pour obéir à un mari qui avait fait d’elle une martyre, elle s’était exilée au loin, n’osant plus donner signe de vie, et j’ignorais presque son nom, quand un beau jour, vers mes dix ans, devenue veuve, ruinée et seule, elle nous tomba du ciel, pauvre épave qui se réfugiait près de nous et que j’aimai aussitôt, comme si je l’avais toujours connue. Par crainte d’être une charge, elle