sorte de terreur de savoir, je me sauvais le plus loin possible, jusqu’au fond de la cour, pour me jeter là, tremblant, sur le banc vert, près de mon cher petit bassin aux pierres moussues. Il faisait adorablement beau et tiède, et les oiseaux, comme si de rien n’était, continuaient de chanter le printemps, dans le doux silence de la maison vide et des jardinets vides alentour. J’avais retrouvé soudain mon âme de petit enfant, et je priais là de toutes mes forces, répétant en moi-même : « Mon Dieu, je t’en supplie, mon Dieu, fais que ce ne soit pas vrai ! Mon Dieu, fais que ce ne soit pas ça ! » Survint ma grand’tante Berthe qui descendait de sa chambre, agitée, le visage contracté. « Est-ce que c’est vrai, tante Berthe ? osai-je tout de même demander. — Eh ! bien, oui, mon petit, répondit-elle, en levant les bras, toujours un peu brusque à son ordinaire, eh ! bien, oui, que veux-tu, mon pauvre enfant, un malheur est arrivé ! » Sur quoi elle passa son chemin, sans plus s’arrêter ; alors, main-
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