Page:Loti - Roman d’un enfant, éd. 1895.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
LE ROMAN D’UN ENFANT

cuter sur les dogmes comme un docteur, j’étais retors en arguments contre le papisme.

Et cependant un froid commençait par instants à me prendre ; au temple surtout, du gris blafard descendait déjà autour de moi. L’ennui de certaines prédications du dimanche ; le vide de ces prières, préparées à l’avance, dites avec l’onction convenue et les gestes qu’il faut ; et l’indifférence de ces gens endimanchés, qui venaient écouter, — comme j’ai senti de bonne heure, — et avec un chagrin profond, une déception cruelle — l’écœurant formalisme de tout cela ! — L’aspect même du temple me déconcertait : un temple de ville, neuf alors avec une intention d’être joli, sans oser l’être trop ; je me rappelle surtout certains petits ornements des murs que j’avais pris en abomination, qui me glaçaient à regarder. C’était un peu de ce sentiment que j’ai éprouvé plus tard à l’excès dans ces temples de Paris visant à l’élégance et où l’on trouve aux portes des huissiers avec des nœuds de ruban sur l’épaule… Oh ! les assemblées des Cévennes ! oh ! les pasteurs du désert !

De si petites choses, évidemment, ne pouvaient pas ébranler beaucoup mes croyances, qui semblaient solides comme un château bâti sur un roc ; mais elles ont causé la première imperceptible fis-