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LE ROMAN D’UN ENFANT

sure, par laquelle, goutte à goutte, une eau glacée a commencé d’entrer.

Où je retrouvais encore le vrai recueillement, la vraie et douce paix de la maison du Seigneur, c’était dans le vieux temple de Saint-Pierre d’Oleron ; mon aïeul Samuel, au temps des persécutions, avait dû y prier souvent, puis ma mère y était venue pendant toute sa jeunesse… Et j’aimais aussi ces petits temples de villages, où nous allions quelquefois les dimanches d’été : bien antiques pour la plupart, avec leurs murs tout simples, passés à la chaux blanche ; bâtis n’importe où, au coin d’un champ de blé, des fleurettes sauvages alentour ; ou bien retirés au fond de quelque enclos, au bout d’une vieille allée d’arbres. — Les catholiques n’ont rien qui dépasse en charme religieux ces humbles petits sanctuaires de nos côtes protestantes, — même pas leurs plus exquises chapelles de granit, perdues au fond des bois bretons, que j’ai tant aimées plus tard…

Je voulais toujours être pasteur, assurément ; d’abord il me semblait que ce fût mon devoir. Je l’avais dit, je l’avais promis dans mes prières ; pouvais-je à présent reprendre ma parole donnée ?

Mais, quand je cherchais, dans ma petite tête, à arranger cet avenir, de plus en plus voilé pour