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LE ROMAN D’UN ENFANT

l’œil encore trouble de mon esprit, je retombais pour des jours entiers dans ma tranquille nuit initiale.

Au début, ma tête toute neuve et encore obscure pourrait aussi être comparée à un appareil de photographe rempli de glaces sensibilisées. Sur ces plaques vierges, les objets insuffisamment éclairés ne donnent rien ; tandis que, au contraire, quand tombe sur elles une vive clarté quelconque, elles se cernent de larges taches claires, où les choses inconnues du dehors viennent se graver. — Mes premiers souvenirs en effet sont toujours de plein été lumineux, de midis étincelants, — ou bien de feux de branches à grandes flammes roses.