ciel de plomb, parmi leurs hautes fougères.
Le monde antédiluvien, qui déjà hantait mon imagination, devint un de mes plus habituels sujets de rêve ; souvent, en y concentrant toute mon attention, j’essayais de me représenter quelque monstrueux paysage d’alors, toujours par les mêmes crépuscules sinistres, avec des lointains pleins de ténèbres ; puis, quand l’image ainsi créée arrivait tout à fait au point comme une vision véritable, il s’en dégageait pour moi une tristesse sans nom, qui en était comme l’âme exhalée, — et aussitôt c’était fini, cela s’évanouissait.
Bientôt aussi un nouveau décor de Peau-d’Ane s’ébaucha, qui représentait un site de la période du lias : c’était, dans une demi-obscurité, sous d’accablantes nuées, un morne marécage où, parmi des prêles et des fougères, remuaient lentement des bêtes disparues.
Du reste, Peau-d’Ane commençait à ne plus être Peau-d’Ane ; je renonçais peu à peu aux personnages, qui me choquaient maintenant par leurs inadmissibles attitudes de poupées ; ils dormaient déjà, les pauvres petits, relégués dans ces boîtes d’où sans doute on ne les exhumera jamais.
Mes nouveaux décors n’avaient plus rien de commun avec la pièce : des dessous de forêts