Eh bien, Mousarion, lorsqu’il nous faudra des chaussures et que le cordonnier nous demandera une double drachme, nous lui dirons : « Nous n’avons pas d’argent ; accepte de nous quelques… espérances. » Et chez le marchand de farine quand on nous donnera notre note : « Attends, dirons-nous, que Lachês Collyteus soit mort ; nous te payerons après les noces. » Tu ne rougis pas d’être la seule des courtisanes qui n’ait ni boucles d’oreilles, ni collier, ni tunique tarentine ?
Pourquoi rougirais-je, mère ? sont-elles plus heureuses ou plus belles que moi ?
Non, mais elles sont plus intelligentes. Elles savent le métier de courtisane. Elles ne se fient pas aux phrases ni aux petits jeunes gens qui ont des serments sur le bout des lèvres. Toi tu es fidèle, tu aimes Chairéas comme un mari, tu ne te laisses toucher que par lui ; et l’autre jour, quand ce laboureur acharnien vint t’apporter deux cents drachmes, prix du vin que son père l’avait envoyé vendre, il n’avait pas de barbe non plus, celui-là, mais tu t’es