Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/115

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C’est un grand jeune homme blond, aimé des dames très brunes, auxquelles il sait inspirer, en outre, de l’admiration parce qu’il est artiste et de l’obéissance parce qu’il est spirite.

Il devient l’amant d’une jeune fille de 16 ans, héritière d’un des plus grands noms de France, qui reste sa maîtresse pendant neuf ans à l’insu de son père et avec la simple complicité d’une bonne. Lorsqu’elle a 19 ans, il l’épouse secrètement à l’église des Petits-Pères un matin de juillet. Elle lui écrit sans cesse des lettres délicieuses, sans aucune prudence ni réserve, sachant qu’il les brûle toutes, après les avoir recopiées en caractères indéchiffrables dont le secret doit mourir avec lui. — Elle lui donne tout, même la correspondance des autres, même les secrets de ses amies, même son propre journal intime. Que lui importe ? le chiffre de son amant, c’est le secret de la tombe.

En même temps, H.-L. avait pris un ascendant extraordinaire sur un groupe de dames appartenant au même milieu, c’est-à-dire à la plus haute société de l’époque. Quatre jeunes Espagnoles (dont une jeune fille) exilées à Paris pendant la guerre carliste, forment avec cinq Françaises (dont deux jeunes filles) une petite société d’amour… où les messieurs ne sont pas admis. Après deux années de ce sport en chambre (un hôtel spécial entre cour et jardin est affecté à leurs réunions) elles décident à l’unanimité d’admettre un amant, un