même l’image centrale de son petit livre : cette « nasse » où il met les maris captifs, et où Jean de Meung voyait se débattre les cénobites[1]. Bref, il est pénétré de l’esprit qui anime notre vieille épopée fleurie. — Or le Roman de la Rose nous présente un personnage ecclésiastique qu’il appelle du nom de PIERRE. Et quelques vers plus loin, comme si un pareil nom n’était pas de lui-même assez lumineux, comme si le poète craignait de n’avoir pas été compris, il ajoute :
Par Pierre, voil [je veux] le Pape entendre.
Mais est-il besoin d’insister ? Ce prénom de deux syllabes, qui « tient le monde » dans sa main, c’est Pierre, et ce ne peut être que Pierre.
L’énigme se lit donc ainsi :
Reste maintenant à faire ce qu’on pourrait appeler « la preuve » de cette opération cryptonymique. Un nom propre ne signifie rien : il faut l’identifier.
- ↑ Si l’auteur des XV Joyes est un moine, on comprend pourquoi l’éloquente tirade de Jean de Meung sur les monastères l’a tant frappé. On comprend pourquoi se trouvant lui-même « en servage », comme il le dit, il a tenté de trouver dans la vie séculière — et peut-être pour se consoler — l’exemple d’un servage qu’il pensait comparable. Toute l’explication du livre est là.
Considérez d’autre part que l’abbé régulier d’une congrégation est toujours le premier confesseur du pays ; que par conséquent les XV Joyes seraient l’œuvre, non d’un spectateur, mais d’un confident : détail qui vient souligner leur intérêt documentaire.