courte vie en la délivrant des entraves volontaires que d’autres aiment à s’imposer.
Les hommes maladifs et matés de vieillesse
Peuvent être constants ; mais sotte est la jeunesse
Qui n’est point éveillée et qui n’aime en cent lieux.
Telles étaient ses nouvelles maximes.
Que s’était-il donc passé ? L’aventure est très simple et d’autant plus charmante.
Le mercredi 20 avril 1552, Ronsard se promenait au bord de la Loire, près d’un petit village nommé Bourgueil, en aval de Tours. Il rencontra une paysanne de quinze ans qui gardait ses vaches en jouant de la musette. Il l’aborda.
Elle avait (nous le savons par lui) des joues rouges, des yeux noirs, des seins et des bras de belle fille, et des cheveux Châtains qui frisaient autour de ses oreilles fraîches. Elle savait lire et écrire. On la nommait Marie Dupin.
Ronsard séduisit cette « petite pucelle angevine », et, ce qui est plus rare, il l’aima. Il l’aima d’un amour très tendre, très sensuel et très passionné. Il semble que, d’abord, elle le lui ait rendu.
Et, considérant combien une passion sincère, quelle qu’en fût l’héroïne, était, plus que des soupirs à Cassandre, un sujet digne d’être chanté dans la langue qui ne périt point, il lui vint à l’idée d’adresser des sonnets à cette fille des champs, mais des sonnets très simples, des sonnets