Voici d’ailleurs une quinzaine d’années que je me sens de l’inclination à son égard. Notre amitié ne remonte pas plus haut, parce qu’on n’explique pas M. de Sygognes aux lycéens ; mais pour avoir été tardive elle n’en est que plus véritable et s’il est vrai qu’aimer soit comprendre, j’espère que je comprends assez mon auteur pour vous le faire aimer.
M. de Sygognes fut un poète qui ne prit pas la vie au sérieux ; ni par conséquent la poésie.
Sa jeunesse s’était passée pendant ces guerres de religion qui commencèrent furieusement et aboutirent à une fin burlesque, le jour où la France accepta pour chef un protestant qui allait à la messe. Ces guerres avaient beaucoup troublé, puis calmé la conscience des jeunes capitaines. Après tant de combats pour Calvin ou pour le Pape, les catholiques et les huguenots s’avisèrent enfin qu’ils n’étaient plus chrétiens ni les uns ni les autres et la réconciliation s’établit sur les bases d’un athéisme discret mais également sincère dans les deux partis.
Vers cette époque, M. de Sygognes ayant constaté que sa crainte de l’enfer s’était évanouie, en conçut d’abord de l’apaisement, puis de la gaieté, mais une gaieté toute personnelle et qui lui donne une physionomie toute particulière dans notre littérature.
On ne sait presque rien sur lui, à peine la date