Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/60

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6° Deux pièces que Molière a malheureusement détruites ou mutilées pour composer, avec leurs magnifiques débris, une pièce absurde. Hélas ! la quintessence de la tragi-comédie cornélienne était là. L’une des deux, Alceste et Philinte n’est autre chose qu’un Exercice de l’Esprit, selon la méthode de saint Ignace. Philinte est la politesse de Corneille ; Alceste est son caractère. Tous deux sont poussés à l’extrême, comme dans un autre dialogue fameux qui vient également de saint Ignace et où l’âme de Corneille traite son cœur de lâche. Son propre cœur, sous le nom de Cinna. Émilie, Polyeucte et Alceste sont trois examens de conscience du même caractère qui, par un dédoublement de personnage, s’accuse de faiblesse et de velléité.


L’AMPHITRYON

La dispute d’une comédie entre Corneille et Molière est une si grave entreprise que j’ai tardé plusieurs années avant de m’y résoudre.

Il est évident que Pierre Corneille domine toute la vie de Molière, qu’il a collaboré à plusieurs de ses pièces et que l’une d’elles, Amphitryon est tout entière de sa plume, si l’on néglige quelques « interruptions » très faciles à détacher et quelques