en 6 mois, de ses mains géantes, un Molière à sa dissemblance ? Je n’en ai que trop dit par ce mot-là. Molière est un chef-d’œuvre de Corneille. Il ne lui ressemble guère, ni de style ni d’âme. Il n’est pas de son sang, mais il est de son pouce. En octobre, Molière débuta devant le roi, puis à Paris, dans Nicomède, de Corneille, Héraclius, de Corneille, Rodogune, de Corneille, le Cid, de Corneille, Cinna, de Corneille, la Mort de Pompée : six rôles de Corneille.
Puis il devint immédiatement ce que Corneille ne voulait pas être et voulait qu’il fût à sa place. Corneille ressentait avec autant de force l’amour et la haine. Lui seul atteignit à l’imprécation de Polyeucte contre les Dieux, de Camille contre la patrie, de Cléopâtre contre son fils et la race de son fils. Le génie de la haine dit les quatre vers inouïs où Auguste pardonne à Cinna, et le traite d’ami, puis d’ennemi et de lâche et d’assassin.
Eh bien, en 1659, Corneille avait une haine accrue par seize ans de silence et de solitude pendant lesquels il avait traduit le De Silentio et Solitudine ou l’Imitation, non pas en chrétien, mais en furieux de misanthropie, selon le texte.
Quel incident avait ainsi rendu Corneille misanthrope à ce point qu’il finit par quitter le théâtre ?
Il avait lu Polyeucte en 1643 chez les précieuses, les véritables précieuses, les seules qui fussent ridicules. Vous ne trouverez nulle part le récit de ce