Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Style sans pair. Style sûr de sa force et d’autant plus calmé qu’il est plus terrible.

Corneille a écrit un alexandrin qui porte en lui sa toute puissance :


Vous saurez par mes mains conduire le tonnerre.


L’homme qui a choisi et placé le mot conduire dans une phrase qui offre le tonnerre, est le seul homme qui ait pu écrire à la même hauteur les mots suprêmes de la statue, phrase qui, par trois fois, traverse l’espace et que don Juan n’a pas encore comprise quand elle tourne court et le tue.


Les grâces du Ciel que l’on repousse ouvrent un chemin à la foudre.


Je sais que Don Juan est de Corneille ; mais puisque tous les moliéristes ensemble sont incapables de découvrir une source qu’un autre moliériste n’ait pas reçue d’un tiers, ils prendront la peine de lire les auteurs du XVIIe siècle, imprimés et manuscrits. M. Couat qui a cru bon de me révéler l’épitaphe de Molière par La Fontaine, M. Couat, sans quitter sa bibliothèque finira peut-être par découvrir.


a) La Critique

Lorsque j’ai commencé d’écrire que j’avais acquis une certitude sur l’œuvre anonyme et pseu-