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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/87

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Ces vers que j’avais tant lus, Hérédia me les révélait. Et il se révélait lui-même. Je ne lui connaissais pas cette voix, qui était pourtant la sienne ; ni surtout cette face de prophète que j’aperçus en levant les yeux.

Et sa voix devint de plus en plus lente :


Andromède étincelle.


Il s’arrêta.


                                                       Orion… resplendit.


Un geste adora le resplendissement. Puis très vite :


L’essaim prodigieux des Pléiades grandit.


Et comme s’il prononçait des noms divins :


      Sirius… ouvre son… cratère.
Arcturus, oiseau d’or, scintille dans son nid.


Et enfin, avec une fougue, un enthousiasme, une violence extraordinaire :


Le Scorpion HIDEUX fait cabrer au zénith
      Le poitrail bleu du Sagittaire.


Jamais ! jamais Hérédia n’a dit six vers devant moi, comme ceux-ci. Mille fois peut-être en quinze ans, je lui ai entendu citer ou réciter des vers ; presque toujours les siens. — Jamais avec cette voix, cette horreur sacrée.

On a prétendu qu’il disait avec artifice les pages