Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/121

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clairement une seconde fois. Le nouvel acte que je vous apporterai sera identique au premier, puisqu’ils seront tous les deux copiés sur la même page du même registre…

— Monsieur, la loi est la loi. Faites une pétition à la Chambre si vous n’êtes pas content. »

L’ouvrier se retire docilement. Rentré chez lui, il écrit au maire de son village natal, fait queue à la poste le lendemain matin pendant vingt minutes pour expédier un mandat de 2 fr. 55, rogne son dîner comme son déjeuner, et attend la réponse du maire.


Deux jours plus tard, coup de théâtre. Un événement imprévu, une lettre, un cri de joie : ses parents sont devenus riches. Et alors, d’une heure à l’autre, ces mêmes parents qui trouvaient Mme X… charmante tant qu’ils étaient pauvres, s’opposent brusquement à son entrée dans la famille. Un billet de loterie a fait le miracle. Ils n’ont rien à lui reprocher que d’être restée ce qu’ils étaient, mais c’est assez pour qu’ils la refusent, comme une honteuse mésalliance. Supplications du fils, discussions, arguments, scènes violentes, rien n’y fait. Il a donné sa promesse : cela n’a aucune importance. Il aime : cela n’est pas sérieux. Elle aime aussi : on s’en moque bien.

Le héros de cette histoire, un brave homme