Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/120

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par-dessus le marché, elle est vraie. Il ne lui manque rien pour servir d’exemple.


Au mois de juin dernier, M. D…, ouvrier mécanicien, ancien sous-officier d’artillerie, rencontra Mme X…, qui accepta de devenir sa femme. — Il avait trente ans ; c’est un âge où l’on est, je crois, majeur. D’ailleurs ses parents l’approuvaient. Quant à la jeune femme elle était orpheline et divorcée, c’est-à dire civilement aussi libre que possible. Rarement un projet de mariage se présente dans des conditions aussi favorables.

M. D… réunit les papiers nécessaires, prit son acte de naissance dans un tiroir, son certificat de résidence chez sa concierge, il courut chez le commissaire de police pour obtenir la légalisation de cette dernière pièce, il se procura, mais à grands frais, les actes de décès des parents de sa fiancée, les fit dûment enregistrer, enfin, n’oubliant pas même son livret militaire, il se présenta, sûr de lui, à la mairie de l’arrondissement.


« Monsieur, fit l’employé, votre acte de naissance est périmé. Depuis la loi de 1897, aucun acte de l’état civil ne doit avoir plus de trois mois de date. Faites-en faire un autre, et payez.

— Mais… l’État me demande quel jour je suis né. Je le lui dis. Je ne peux pas le lui dire plus