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me frapper dans l’intervalle comme célibataire endurci. »

Vraiment (et beaucoup de lecteurs sans doute devinent la phrase) je trouve que M. D… est bien patient envers des lois aussi vexatoires que les nôtres.

Si j’ai un conseil à lui donner, c’est de garder cette somme énorme — 190 francs — pour la layette de son premier enfant qui en aura bien besoin, le pauvre petit. Depuis six mois, on refuse de marier cet homme et cette femme : qu’ils n’insistent pas. On les a ruinés : qu’ils arrêtent les frais. Et s’ils tiennent absolument à porter un nom identique, j’offre de leur faire faire, à mon compte, chez un graveur, deux cents billets de faire-part ainsi conçus :

« Madame X… et Monsieur D… ont l’honneur de vous informer qu’à partir du 25 décembre 1900, ils se considéreront comme mariés. »

Tous les honnêtes gens du quartier, j’en réponds, leur donneront raison.

La moralité de cette anecdote s’inscrit logiquement à sa suite. M. Piot, par son projet d’impôt, espère établir entre le célibat et le mariage un parallèle avantageux pour la vie conjugale. Nous allons faire pour lui la comparaison.

D’une part, voici M. A…, contribuable, taxé à 30 francs. Il est célibataire ; il n’a chez lui ni