Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/159

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œuvre perdue pour toujours. Encore le moulage n’est-il pas exact, car avant de passer la Diane au plâtre, une maison pudibonde nivela, par l’introduction d’un peu de cire, le détail le plus féminin. Désormais, la pauvre Olympienne porte un maillot comme un modèle de carte postale illustrée. L’effet est littéralement monstrueux, et j’emploie ce mot dans le sens de tératologique. Le cas relève du scalpel. Mais les visiteurs du Louvre ne semblent pas s’en étonner autrement et j’en connais qui, plus volontiers, blâmeraient une représentation moins étrangère à la nature.

« Pourquoi ce qui n’a jamais choqué les habitants de Pétersbourg choquerait-il les habitants de Paris ? » La question a été posée en ces termes par un des collaborateurs de l’Intermédiaire.

Pourquoi surtout, — je voudrais élargir la discussion — pourquoi l’usage a-t-il prévalu de représenter l’homme tel qu’il est, et la femme telle qu’elle n’est pas ?

L’usage est bien inconséquent. Nous vivons parmi des éducateurs qui regardent la différence des sexes comme un redoutable mystère dont la jeunesse ne doit pas être informée. En fait, les jeunes filles l’ignorent quelquefois ; les collégiens jamais. Logiquement, on pourrait donc mener une classe de rhétorique devant la Diane de