Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/31

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le thème perpétuel de l’Ancien Testament. Jésus prêche l’amour, et dans aucune de ses paroles on ne trouve la séparation faite entre l’amour sensuel et un prétendu amour où les sens n’auraient point de part. Jésus, qui était Galiléen, c’est-à dire de race probablement aryenne[1], soutenait donc une doctrine qui n’était pas, sur ce point, en contradiction avec la morale hellène, et qui aurait dû la perpétuer. Comment se fait-il que le résultat se soit trouvé si opposé, et qui est l’auteur de cette volte-face ?

Qui ? Un Juif, un petit homme néfaste, saint Paul, qui, sans avoir jamais vu le Christ ni entendu sa parole, et après une lutte à l’épée contre tous ses partisans, imagina sans doute de ruiner sa doctrine d’une façon infiniment plus durable en prêchant, sous le nom du nouveau prophète, la vieille rigueur israélite.

C’est l’influence pernicieuse de cet homme, qui, répandue par saint Augustin, légiférée par saint Thomas, n’a cessé de combattre avec acharnement les larges idées et les belles formes.

Cependant la Grèce ne mourait pas toute. À côté du flot desséchant qui avait tenté d’ensevelir la civilisation antique, un courant parallèle, descendu de l’Olympe, désaltérait le monde réveillé

  1. On connaît la théorie contemporaine d’après laquelle les Galiléens seraient issus d’une colonie celtique.