Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/39

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mental du Minotaure viennent d’être déblayés, mesurés et parcourus : toute la mythologie redescend dans l’histoire.

Quelle légende, en effet, quelle vieille fable humaine était plus que celle-ci fantastique et surnaturelle ? Minos est fils de Zeus et d’Europe ; il est le demi-frère de Pallas, d’Hercule, d’Hélène et de Persée. Il s’entretient avec les dieux, il ressuscite les morts, il est juge aux enfers. Qu’il aime l’étonnante Procris, qu’il fasse la guerre à Nisos ou qu’il soit trompé par sa femme, c’est toujours au milieu de circonstances magiques dont la variété est immense. Les Mille et une Nuits ne nous rapportent rien qui témoigne d’une imagination mythique aussi riche que celle d’où est née la légende crétoise. Et désormais, le roi Minos est dépouillé de sa légende mieux encore que Charlemagne. Nous respirons où il a vécu, nos pas sonnent sur les dalles où fut son trône royal, nous possédons quatre-vingts inscriptions relatives à son époque : c’est la lumière. Bientôt, nous pourrons reconstituer sa figure, son règne et son temps. Nous verrons Minos tel qu’il fut : roi de Cnosse, ennemi d’Athènes et grand constructeur de palais. Sans doute, la découverte intéresse d’abord l’historien ; mais le peintre et le poète pourront imaginer, d’autre part, qu’elle fait tout aussi bien revivre le vieux conte si cher à leurs maîtres anciens.