Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/66

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antique devient moins intéressant pour nous, d’abord parce qu’il rappelle de loin les courses auxquelles nous sommes habitués, ensuite parce que, sur un pareil terrain, nous n’avons rien à lui envier. De nombreux documents figurés nous apprennent que la haute école était connue des anciens dans toutes ses subtilités : mais il n’est pas vrai qu’à Rome les courses, attelées ou non, aient jamais égalé la perfection des nôtres. Celles-là étaient des cohues galopantes, mal réglées, presque barbares, — dignes, en un mot, de cette longue décadence artistique où Rome fit sombrer l’héritage athénien. On y courait la charge, comme en guerre. Nulle discipline entre les conducteurs. Il fallait arriver à tout prix, fût-ce en crevant ses chevaux ou en versant le char du rival. Plaisirs de sauvages, que Longchamp ou Vincennes laissent loin derrière eux.



Reposons-nous plutôt devant la magnifique image qui était l’idéal de l’athlétique grecque. Notre sport gagnerait à s’inspirer d’elle. Nos coureurs, attirés par l’appât des prix, s’entraînent constamment au même exercice. Ils deviennent semblables à des ténors qui donneraient sans cesse l’ut de poitrine et qui ne sauraient pas chanter « Au clair de la Lune » dans le médium.