Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/65

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Mais tandis que chez nous, et chez les Turcs (comme autrefois chez les Japonais), les lutteurs sont des colosses obèses qui écrasent l’adversaire sous leur masse, jamais, chez les Grecs, un lutteur de foire n’eût été admis aux Jeux Olympiques. L’épreuve du saut l’eût écarté dès le début. Est-ce à dire que les plus agiles étaient seuls admis à lutter ? Non pas. La course à pied ne départageait que les vainqueurs du saut et du javelot : épreuves de force par excellence. Les deux derniers concurrents étaient donc les plus agiles parmi les plus vigoureux : c’étaient des athlètes complets. On ne saurait trop admirer avec quelle intelligence étaient graduées les séries du « Grand Prix » antique. Le triomphateur de la finale était digne d’avoir sa statue dans le bois sacré d’Olympie, car on pouvait dire de lui à coup sûr qu’il était le premier guerrier de la Grèce.


Par la suite, ces jeux admirables dégénérèrent. Athènes avait tous les ans des courses de chars et de cavaliers à l’époque des Panathénées. Olympie à son tour eut un hippodrome célèbre. Quand Rome et Byzance recueillirent la succession d’Hellas à la tête des peuples, le Cirque finit par absorber en lui tous les jeux et toutes les fêtes. Les chars des cochers hurlants chassèrent les athlètes de l’arène.

Dès lors, il serait puéril de le nier, le sport