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des femmes dans toute la fleur de la jeunesse et d’autres d’un âge plus avancé, n’avoir rien sur le corps qu’une étroite bande d’étoffe autour des hanches[1]. »

Si même nous quittons l’Égypte pour l’Arabie propre, où la race est pure, nous trouvons çà et là une simplicité de costume qui n’est plus individuelle, mais ethnique. Le témoignage de Bruce est net. Entre l’Hedjaz et l’Yémen, au berceau même de la poésie arabe, il note en ces termes ce qu’il a vu : « Les femmes vont nues, comme les hommes. Celles qui sont mariées portent pour la plupart une espèce de pagne qui leur ceint les reins ; mais quelques-unes n’ont rien du tout. Les filles de tout âge sont entièrement sans habits[2]. »

Gardons-nous de généraliser : nudité de la femme en pays arabe signifie presque toujours indigence[3]. J’insiste néanmoins sur ce détail parce qu’il pose dans une familiarité singulièrement « pastorale » en effet les rapports entre jeunes gens.

  1. E. W. Lane. An account of the manners and customs of the modern Egyptians written in Egypt during the years 1833, 1834, 1835. — London, 1871, t. 1, p. 64.
  2. Bruce. Voyages. Paris, 1790, t. I, p.345.
  3. Aujourd’hui le fait est beaucoup plus rare. Je ne l’ai constaté, pour ma part, que dans le Hodna algérien, et exceptionnellement, chez quelques mendiantes. Jusqu’en Nubie, les cotonnades anglaises habillent de nos jours les plus pauvres filles.