Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 12.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peux pas vous le dire. Vous le verrez, Danaé. C’est votre destin que vous le voyiez vous-même. On ne peut plus vous en empêcher. Vous-même vous ne pourriez plus vous en aller d’ici.

danaé

La porte n’est pas lourde. Les gonds sont luisants. On doit l’ouvrir souvent, cette porte, n’est-ce pas, nourrice ? Comment se fait-il qu’on s’occupe tant de mon malheur et qu’il n’en paraisse rien dans les yeux ? Ou bien, peut-être est-ce un malheur pour moi seule et un bonheur pour tous les autres. La porte va céder. Je n’aurai qu’à la toucher du bout du doigt, je sens qu’elle va tourner toute seule. Vois-tu ? tiens, vois-tu ? vois-tu ?

(Un monceau de pièces d’or s’écroule autour d’elle, par la porte grande ouverte. Elle pousse un cri effrayant.)

Ah !… Dzeus !… Oh !… oh !… oh !… mon amant !

(Elle se jette à terre et se roule dans le trésor ruisselant.)

la nourrice

Hélas ! hélas cela devait arriver !

danaé

Dzeus adoré ! Dzeus aimant ! Dzeus tendre ! je t’ai donc revu enfin, et comme autrefois, dans une prison d’airain. C’était toi qu’on cachait