Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/30

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Ô couche ! ô couche ! sois bénie, où la Nature
Nous impose la loi de toute créature
Et nous livre la femme aimée, entre tes draps ;

Où, frissonnant ainsi qu’un roseau sur les berges,
Nous voyons dans l’étreinte auguste de leurs bras
Le nimbe de la mère éclore au front des vierges.

Et quand, vieillards chargés de maux et pleins de jours,
Las d’être, las d’aimer, las de penser toujours,
La Nature nous pousse à la Nuit infinie,

Quand nous aspirons vers le calme apaisement
Du silence éternel…, ô couche, sois bénie,
Où le froid du Néant nous endort doucement !

Où le froid du Néant nous 9 Décembre 1889.