Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/29

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LE LIT



Ô couche ! sois bénie, où les femmes écloses,
Blanches, donnent le jour aux petits enfants roses,
Et dédoublent leur vie, heureuses de créer,

Puis se font apporter l’enfant, pleines d’alarmes,
Et comprenant qu’il vit, puisqu’on l’entend crier,
Sanglotent de bonheur en riant dans leurs larmes.

Ô couche, sois bénie où nous veillons, le soir,
Où nous sentons monter des parfums d’encensoir
De l’avenir lointain, lumineux comme un rêve,

Qui nous veut, qui nous dit : Plus haut ! Toujours plus haut !
Et sur lui je ne sais quelle aurore se lève,
Qui nous fait trembler d’aise et crier en sursaut.