Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 2.djvu/194

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LE BALCON


Du haut du balcon, nous nous sommes penchés. Une rivière d’étoiles vivantes montait de l’avenue profonde à la voie lactée, à la mer sublime du ciel.

Je sentais son bras faible autour de mon corps et sa main chercher la mienne. Elle baissa la tête, éclairée par la lueur de la ville bleue dans la tombante clarté de la nuit.

La muraille à pic sous nos yeux et, à sa base, le sol de pierre, c’était pour nous la mort facile, la mort si nous le voulions bien. Joue à joue, nous nous comprîmes.

Du haut de sa jeunesse elle regarda la mort. Elle eut un frisson d’épaule aussi lent qu’une volupté. Puis elle tourna vers moi son visage d’Eurydice, et toute la vie, qui est sa bouche.